28 - 29 juin. Pas de quoi se lasser.

Publié le par pong.over-blog.org

Le trajet jusqu'à Elmore Lake s’est bien passé avec Don, un gars du coin dont je ne comprends qu’un mot sur deux. Son accent traînant et nasal liquéfie les syllabes. Il fabrique des voitures de courses, haaaaa, j'avais compris qu'il élevait des vaches. Giga pick-up climatisé, sièges en cuir, trajet confortable. "We're good people here in Vermont hey", pour ça, je n'ai aucun mal à le croire. Pour le reste je me contente d'un petit rire ou "oui oui" parce que je ne veux pas lui faire tout répéter trois fois.

 

Ashley et Anthony m'hébergent ce vendredi soir à Wolcott, à quelques miles à l'est du lac et le rendez-vous est donné à 5h devant la mini-épicerie où j'étais hier. Ca laisse juste le temps pour une petite baignade, je vais finir par m'habituer. Cette fois-ci pas un rat, pas de gamins en camp de vacances, juste de gros nuages et quelques canoës au repos.

 

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Les deux sont mignons. Pop le berger australien aussi. On m'a confié la mission du dîner, j'ai donc pensé pesto aux tiges d'ail (on est en plein coeur de la courte saison) et tomates séchées sur du pain, quelques tranches de tomates, fromage local et au four. Ahsley et moi sommes allées au marché fermier d'Harwick pour trouver les ingrédients, un peu trop tard. Les quelques stands installés dans le carré d'herbe détrempée ont été dévalisés mais il reste tout de même deux baguettes au boulanger. Mise à part la taille aléatoire (la seconde mesure les 2/3 de la première), elles feraient pâlir d'envie un boulanger français. Pour tout le reste, direction le co-op de la petite ville. Le caissier regarde fixement mon pendentif poisson cassé, mon radar-à-hippie portatif, en attrapant confusément la salade sur le comptoir.

 

"C'est une pièce magnifique, fascinant, ooooh... Je ferais mieux de me concentrer et de bosser correctement!"

 

Il arbore trois petits points tatoués à chaque coin d'oeil, un kilt et des boucles d'oreilles en plumes. Sa tête me semble familière, mais à mon avis il ressemble juste à une personne sur deux à Black Rock City.

 

J'ai demandé à Anthony de me raconter son périple américain Est-Ouest en stop. À l'époque, il avait noté le nom et l'origine de chaque conducteur, plus d'une centaine de personnes. On a des milliers d'histoires de couchsurfing à s'échanger aussi, et on a continué au Bees Knees, un joli petit café de Morrisville. Ashley et Anthony ont aussi pas mal voyagé en Europe mais dans le cadre de leurs deux petites semaines de congés payés par an. Islande, Danemark, Pays-Bas, Suède, toute la côte Atlantique en France, Belgique, Italie, Croatie, Hongrie et un peu de Maroc. Merci Ryanair!

 

Retour à Montpelier avec eux le samedi matin. Timing parfait pour voir "le plus beau marché paysan de la Nouvelle Angleterre". Bon, un joli petit marché, hein, avec des éléveurs de "Porcs certifiés biologiques humainemant élévés en pâturage" et autres "heureuses vaches nourries à l'herbe", des betteraves de toutes les couleurs, un petit orchestre familial de violons et de la pizza cuite sur place au four à bois.

 

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Ma prochaine hôtesse Alexandra me rejoindra à 5h, j'ai donc pas mal de temps devant moi à traîner mon sac-à-dos plein à craquer et le sac plastique Go Sport de touriste française. Je pensais sincèrement que le K-Way serait utile, les sandales et la serviette aussi... Et puis je dois avouer que j'ai craqué dans l'une des librairies. Pas uniquement à cause de Veruca qui surveillait les livres, mais parce que j'y ai trouvé exactement ce qu'il me fallait :D

 

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Et voilà comment on finit par trimballer des kilos inutiles au marché par un soleil d'enfer. Alors que je pose tout à terre pour prendre une photo, j'entends une voix de fille sur le côté.

 

"On se connaît ! Tu étais venue chez nous couchsurfer à Charlotte, heuuuuu, rappelle-moi ton prénom?"

 

Je ne me souviens plus du sien non plus, mais de son visage, bien sûr. Laura s'est rasé la moitié de la tête depuis le mois de mai, lorsque j'étais venue à Burlington pour la première fois. Sa copine Emma m'a proposé de laisser mes affaires chez elle à quelques pâtés de maison d'ici. Elle et ses colocs laissent toujours la porte ouverte donc je pourrai récupérer mon barda quand bon me semble. La consigne tombe à point nommé : je vais filer à la Mad River pour un plouf !

 

Toute l'après-midi ce sont des femmes qui m'ont véhiculée entre Montpelier, Waterbury et la rivière. Le niveau de la Mad River est ultra-haut comme tous les cours d'eau de la région après des jours et des jours de pluie. On se plait tout de même sur ses berges.

 

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Surprise dans la bourgade de Waterbury. J'y vois pour la première fois au Vermont des enfants obèses, des voitures qui font volontairement VRRROUM VRRRROUM et ce genre de panneaux :

 

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Ici, on fête traditionnellement l'indépendance des Etats-Unis le samedi précédant le 3 juillet. Tout le monde a fièrement sorti son drapeau étoilé pour l'occasion. Pour quelque raison le ressenti est plus oppressant qu'à Montpelier. Il y a pas mal de passage à cause de la parade et du feu d'artifice qui sera tiré le soir. Des types debout sur la remorque d'un pick-up proposent gratuitement des "K-Cups". Depuis l'autre côté de la rue ils m'appellent et me somment de venir chercher mes K-Cups. Je m'approche et le gars me précise "Café chocolat caramel". Ah. Pas de quoi éclairer ma lanterne. Il me tend un carton "Tiens emportes-en donc une caisse !". Je proteste, on me donne un sac. "Tu fais du stop? Parfait les gens s'arrêteront avec ça !"

 

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Amy se serait arrêtée de toute façon mais elle accepte les K-Cups, qui sont en fait des dosettes de café compatibles avec un seul type de machine. Elle est très agréable comme conductrice, et s'excuse du fait que les Américains massacrent des noms de villes locales comme Montpelier ou Calais en les prononçant n'importe comment. Un "Monte-pillieuw" ou "Callas" ne valent pas un "Nouillorque", allons. Amy m'a aussi donné son avis sur la vie politique de l'Etat où la division entre Républicains et Démocrates ne lui semble pas aussi évidente qu'ailleurs.

 

"Ici, les Républicains s'occupent des gens, comme ils devraient le faire partout ailleurs, et non pas de leurs intérêts propres".

 

Ce n'est pas la première fois que je l'entends. Et c'est bien pour ce genre de conversations que je monte en voiture avec n'importe qui. La loterie du stop me sort tous les numéros : la discussion de comptoir du bistrot du coin, toutes les questions possibles sur la France, les "c'était mieux avant" et les récits d'étranges anecdotes. Le partage de tant de matière se montre aussi nourrissant pour le coeur que la vue de toute cette verdure est désaltérante pour les yeux.

 

Retour en ville, j'ai bien mérité (parce que c'est moi qui décide) un cornet de sorbet au pamplemousse.

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