27 août - 3 septembre. BRC et ses tornades à décorner les licornes.

Publié le par pong.over-blog.org

Là !! Presque pas d'attente à l'arrivée à Black Rock City, à peine une heure dans la file contre 5 ou 6 les années précédentes. À peine l'emplacement choisi, on descend du bus, on attrape nos sacs et on va planter notre tente à quelques dizaines de mètres des licornes qui doivent encore décharger tout leur barda. Ca c'est leur problème.

 

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Ici, je commence à me sentir comme à la maison. Quelques repères restent d'une année sur l'autre, les codes sociaux aussi, parfois on reconnait quelqu'un et on se parle comme si on s'était vu la semaine dernière. Mais la ville est vivante, croît, de nouveaux habitants apportent leur dose de sang neuf. D'autres meurent. Une petite équipe a fait brûler un bateau en mémoire du Captain Jim, disparu en mer cette année. Le gars s'était pointé en 1998 pour la première fois avec plus de 500kg de thon frais à vendre. Comme rien ne se vend ni s'achète à Black Rock City, il a tout grillé au barbecue et distribué son poisson. Et depuis Captain Jim revenait tous les ans avec sa remorque pleine de thon.

 

La superbe jetée qui surplombait le désert l'année dernière mène désormais à l'épave d'un bateau, sombré en plein désert. Je pique une photo sur un bien beau blog que vous pouvez aller visiter pour y voir de meilleurs clichés que mes machins poussièreux.

 

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J'ai envie de courir partout, MIchiel se décroche la mâchoire car comme toujours il a trop à voir et à vivre. Des installations électroniques loufoques à chaque coin de rue, des costumes en lycra un peu plus imaginatifs que ceux des manifs Civitas, des "vétérans" déjantés qui nous invitent à monter sur le toit de leur camping-car pour voir les anneaux de fumée lancés au dessus de la ville.

 

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Tous les jours, on se prévoit au minimum trois heures entre le moment où on décide de rentrer au camp prendre des vêtements chauds pour la nuit et la vraie tombée de la nuit. C'est qu'on se fait distraire en route, qu'on prend une rue parallèle pour faire du cheval à bascule de 2,50m de haut, qu'un type nous arrête pour tisser une toile d'araignée en fil de chanvre sur l'un de nos vélos communautaires, qu'on nous alpague pour aider à finir les restes d'un banquet de mariage...

 

Personne n'a jamais vu autant de tempêtes de poussière. Alors l'incendie de Wall Street a dû être repoussé du vendredi au samedi. Voilà ce qu'on a manqué, parmi des millions d'autres choses.

 

WS

 

La veille, on n'y voyait plus à un mètre. Notre petit monde si familier s'est transformé en brouillard orangé emportant tentes et structures mal arrimées. Je ne me suis jamais sentie aussi perdue. Il n'y a plus de gauche ni de droite. Les 60 000 habitants de la ville disparaissent soudainement de la vue pour se transformer en vagues ombres mouvantes avançant penchés contre le vent. Quand les véhicules s'arrêtent et qu'on ne peut même plus voir la lumière du soleil, on se sent bien impuissante, assise parterre avec une guirlande de loupiotes coincée dans le masque de ski pour ne pas se faire rouler dessus par un vélo. La pause "on s'assied et on repartira quand on y verra mieux" a bien duré deux heures. Belle expérience à vrai dire.

 

Toute aussi intéressante que d'enjamber la petite clôture qui sépare officiellement BRC du reste du désert.

 

Une nuit, on atterrit loin, dans ce qu'on appelle la deep playa, à 4 ou 5km de l'Homme au centre de l'Esplanade. C'est une atmosphère assez magique où on retrouve un semblant de silence sous les étoiles et où on fait les rencontres les plus improbables autour d'oeuvres d'art dont chacun cherche la signification ou le fonctionnement. Pêle-mêle, on peut tomber sur un bar éphémère, un arrêt de bus ne menant nulle part, le cinéma et sa machine à pop-corn.

 

Cette fois-ci c'était une superbe voiture des années 60 aux proportions étranges. Un genre d'énorme Cadillac dont la carrosserie est fabriquée à partir d'ailes de Boeing recyclées. Les gens amassés tout autour écoutent un genre d'éléctro trippant et ressemblent à des sosies d'Elvis habillés en noir. Ils trinquent au Martini. C'est dans ce décor qu'une fille m'attrape par la main tout près de la fameuse clôture, et me dis "Viens ! Toi et moi on part de l'autre côté de l'UNIVERS !". C'est une offre qui ne se refuse pas. 

 

Ni une ni deux, on passe par dessus le filet de plastique (c'est interdit et si on se fait attraper, on peut se faire éjecter pour le reste de la semaine) pour se faire happer par la nuit. Les choses sont différentes, de ce côté-là. C'est physique, comme si plus personne ne pouvait nous entendre et que l'air avait une texture différente. La fille s'arrête, me regarde. "Tu sens ?" "Oui". Elle me sert la main, éclate en sanglots et me prend dans ses bras. Les autres restés derrière la clôture font d'étranges sourires, comme si on faisait quelque chose d'extraordinaire sous leurs yeux mais que c'était très dangereux. "Revenez ! N'allez pas trop loin ! Il fait NUIT!" Sans blague. Et voilà, on est revenu, pas tout-à-fait pareilles sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi.

 

Un autre soir, un couple en smoking et robe de soirée nous invite à nous rendre à l'hôtel Ahsram Galactica pour une soirée tombola. Il y a six chambres-lots à remporter pour cette nuit. En contournant le bouddha doré qui trône dans la cour pour entrer dans le chapiteau de "l'hôtel", on aperçoit les fameuses chambres installées dans des tentes militaires de part et d'autre du chemin. Ils ont aménagé de vrais lits avec draps propres, mobilier ancien et décors incroyables dans chaque tente à thème : la Parisienne et son luxe belle époque, la Lawrence d'Arabie et ses tentures orientales, son tapis, son plateau prêt à servir le thé à la menthe et les dattes... Sous le chapiteau, c'est le choc : serveurs au bar gantés de blanc, orchestre de jazz, lustres, hommes en chapeau haut-de-forme, plantes vertes exotiques... On plonge dans cette luxuriance burlesque couverts de poussière de l'extérieur, on boit un cocktail servi avec glace et olives pour se retrouver tout aussi dépaysés en ressortant.

 

Le dernier jour, juste après l'incendie du Temple et alors que tout le monde file remballer ses affaires, on tombe par hasard sur le char Joyism. Ses propriétaires proposent des mariages-éclair en 60 secondes, soit "aussi vite qu'un plat au miro-ondes!" "À deux, en groupe, entre humains ou pas". Et voilà ce qu'il nous fallait la veille du départ. Les gars ont sorti deux alliances en toc d'un grand ziploc, attrapé une fille qui passait par là par hasard comme témoin et voilà. Michiel et moi sommes déclarés mariés par une hurluberlue "au nom de tous les pouvoirs que je ne possède pas" a-t-elle précisé. Et voilà, on finit avec les trois photos potables :p Pour tout le reste il y a Google Image.

 

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